Une nouvelle coalition prône un contrôle plus strict des migrations et de l'accès aux Balkans occidentaux
L'Allemagne se prépare à une transformation profonde de sa politique migratoire. Alors que la nouvelle coalition entre les conservateurs CDU/CSU et le SPD de centre-gauche se forme, les deux partis se sont mis d'accord sur une politique plus stricte en matière d'immigration, de limitation des demandes d'asile et de révision des principaux cadres migratoires. Leur accord de coalition, publié cette semaine, confirme leur objectif commun de réduire les arrivées irrégulières et de remodeler l'approche du pays en matière d'immigration légale.
L'un des changements les plus significatifs concerne la proposition de réduction du « Règlement des Balkans occidentaux », qui accorde actuellement aux citoyens de pays tiers tels que la Serbie, la Bosnie-Herzégovine, le Kosovo, l'Albanie, le Monténégro et la Macédoine du Nord un accès simplifié au marché du travail allemand. Le quota annuel devrait être divisé par deux, passant de 50,000 25,000 à XNUMX XNUMX admissions par an. L'objectif initial du programme était de combler les pénuries de main-d'œuvre, notamment dans les secteurs où aucune qualification formelle n'était requise.
Les responsables affirment que de tels ajustements sont nécessaires pour rendre la migration plus gérable et ciblée, bien que les critiques avertissent que limiter l’accès pourrait nuire à des secteurs comme les soins aux personnes âgées, où de nombreux travailleurs des Balkans occidentaux sont actuellement employés.
Mesures frontalières et réformes du droit d'asile sur la table
Outre les modifications apportées aux programmes de migration de travail, l'accord de coalition prévoit des mesures plus larges visant à durcir les procédures d'asile. Ces mesures comprennent notamment un renforcement des contrôles aux frontières et un recentrage sur la règle dite du « premier pays d'entrée ». Dans ce modèle, les demandeurs d'asile seraient renvoyés dans le pays de l'UE par lequel ils sont entrés en premier, réduisant ainsi la pression sur le système allemand.
Si les deux partis s'accordent sur la nécessité d'une réforme, leurs approches divergent. Le SPD met l'accent sur la coopération avec les États voisins et l'Union européenne, insistant sur des solutions communes et le respect des cadres juridiques. La CDU/CSU, quant à elle, laisse une marge de manœuvre à des actions unilatérales si nécessaire. Cette divergence pourrait influencer le déroulement de l'application de la loi, notamment le long des zones frontalières sensibles.
Il est également question de suspendre les programmes de réinstallation volontaire et les regroupements familiaux, mesures visant à réduire encore davantage les flux migratoires. Ces propositions témoignent d'une volonté plus large du nouveau gouvernement de répondre aux inquiétudes croissantes de l'opinion publique concernant l'immigration et de renforcer le contrôle.
Le débat sur la réforme de la citoyenneté suscite des points de vue contrastés
Alors que le gouvernement s'efforce de restreindre certaines formes de migration, d'autres appellent à une approche inclusive pour une intégration durable. Le président fédéral Frank-Walter Steinmeier, s'exprimant lors d'une cérémonie de naturalisation à Cologne, a souligné l'importance de la citoyenneté comme pierre angulaire de l'avenir de l'Allemagne. Il a souligné l'enrichissement de la société par les citoyens naturalisés et a déclaré sans ambages : « Sans naturalisation, notre pays serait plus pauvre à bien des égards et aurait moins de chances d'un avenir meilleur. »
Les propos de Steinmeier constituaient un soutien direct à la réforme de la loi sur la citoyenneté adoptée sous la précédente coalition. Cette réforme permet aux immigrants bien intégrés de demander un passeport allemand après seulement trois ans de résidence, une mesure destinée à encourager l'appartenance durable et la participation citoyenne.
Cependant, cette disposition est désormais menacée. La nouvelle coalition entend l'abroger, arguant que ces options accélérées compromettent les attentes en matière d'intégration. Ce désaccord souligne un fossé croissant entre les défenseurs d'un modèle accueillant et axé sur l'intégration et ceux qui privilégient la restriction et l'application des mesures.
Besoins économiques versus pressions politiques
Malgré les appels politiques croissants en faveur d'un renforcement de l'immigration, l'économie allemande reste dépendante des travailleurs étrangers. Des secteurs comme la santé, la logistique, la construction et la gastronomie continuent de souffrir de graves pénuries de main-d'œuvre. Le règlement sur les Balkans occidentaux a été un outil important pour répondre à ce besoin, en permettant un recrutement plus rapide et moins bureaucratique en provenance des pays voisins non membres de l'UE.
Ainsi, la réduction prévue de l'immigration de main-d'œuvre en provenance des Balkans occidentaux pourrait avoir des conséquences inattendues pour les employeurs. Bien qu'aucune déclaration officielle du monde des affaires allemand n'ait été publiée à ce jour, des réactions sont probables si l'embauche devient plus difficile.
Par ailleurs, la guerre en cours en Ukraine a modifié le paysage migratoire en Europe, accentuant la pression sur les systèmes d'asile et complexifiant les relations diplomatiques avec les États tiers. Alors que l'Allemagne intensifie ses efforts pour signer des accords migratoires facilitant les expulsions et limitant les flux migratoires, elle doit également concilier responsabilités humanitaires et obligations internationales.
Sentiment public et calculs politiques
L'immigration reste l'un des sujets les plus débattus de la politique allemande. Elle a occupé une place importante dans la campagne électorale de 2025 et a joué un rôle central dans la formation de la nouvelle coalition. Avec la nomination de Friedrich Merz, chef de la CDU, au poste de chancelier, le nouveau gouvernement sera probablement sous pression pour obtenir des résultats concrets sur ce sujet.
Les deux partenaires de la coalition tentent de trouver un équilibre entre l'application de règles plus strictes et le maintien de la cohésion sociale. Cependant, les groupes de défense des droits et les défenseurs de l'intégration craignent déjà que l'approche actuelle ne creuse les divisions et ne freine les efforts d'inclusion à long terme.
Reste à savoir si l'Allemagne parviendra à concilier la nécessité d'un contrôle efficace des migrations avec son engagement en faveur d'une société ouverte et diversifiée. Mais une chose est sûre : l'orientation politique en matière de migration est en train de changer.